i'm waking up to ash and dust

Respiration apparente dans la froide matinée timide qui pointait son nez dans le ciel. La petite brume blanche s’échappant des lèvres du corps endormie au sol, tremblant légèrement du manque d’apparat sur le dos pour le protéger de la brise fraîche. S’éveillant avec difficulté, gémissante plainte pour accompagner le mouvement de la silhouette se redressant pour quitter son matelas de fortune qu’était l’amas de terre humide et de feuilles mortes. Une femme se dévoilant dans la lumière tamisée par les arbres au feuillage généreux de la saison, le main au front alors que le crâne hurlait sa souffrance. Prenant cette minute pour tenter d’apaiser son mal, avant d’inspecter la situation qu’étais la sienne. Peu de souvenirs venant se présenter, se faisant presque désirer alors que les iris sombres scrutaient d’abord la multitude de troncs s’étalant au-delà de son champs de vision. Une forêt. Ça elle pouvait le deviner sans trop de mal. Mais la raison de sa présence en celle-ci, voilà une énigme qui était à résoudre. L’oeil continuant sa course, zonant le périmètre immédiat pour tomber sur un second être de chair, celui-ci inanimé et ne ressemblant plus vraiment à une personne. La peau mutilée, manquante par endroit, du sang à foison partout autour, traçant un chemin net vers l’unique rescapée. Naturellement le cri d’horreur face à cette vision, la main venant vers la bouche dans un réflexe inscris dans son être. Tout cela pour constater le carmin du membre, l’encre s’étendant tout le long du bras et parsemant l’entièreté de son derme. Le peu de tissus sur son dos complètement gorgés de ce liquide vital qui clairement, n’était pas le sien. Incompréhension totale, la peur la prenant de plus en plus alors que les larmes roulent sur les joues de la dame qui fouillaient désespérément sa mémoire. Des flashs lui revenants, ses cris, l’homme l’attaquant. La blessant…. Pourquoi la douleur n’était-elle plus présente? Celle qui lui avait couper le souffle alors qu’une balle se logeait dans son ventre, une autre à la cuisse. Machinalement, les doigts vinrent frôler la peau immaculée qui aurait du présenter des plaies. Mais rien. Elle n’y comprenait plus rien… pourquoi était-elle au milieu du bois quand elle se souvenait avoir été agressée sur la route. Pourquoi son opposant avait-il l’air d’avoir été mutilé par une bête sauvage...Pourquoi se rapellait-elle l’avoir traîné dans sa gueule.

Merde. C’était quoi ce bordel.
☽☉☾
Le pas las, hésitant à se poser vers l’avant. Avançant difficilement sur le sol inégal du bois, les chaussures trop grande pour ses pieds. Prises au mort, comme la plupart de ses vêtements, faute de mieux dans cette situation. Le sang séché rendant les tissus rigides, inconfortable, mais au moins pouvaient-ils se vanter de lui offrir une protection contre le froid. Le couvert des feuilles n’offrant pas la caresse si agréable du soleil, ne faisant pas profiter de sa chaleur. Elle ne savait pas combien de temps cela faisait qu’elle se promenait ainsi à l’aveugle, n’ayant pour seul but que de bouger, allez plus loin dans la direction choisie. Sa tête était vide, le peu de souvenirs qu’elle avait pu rassembler ne faisant pas le moindre sens. Pas la moindre idée de son prénom, de sa vie, de quoi que ce soit. L’écrasante douleur la terrassant à chaque fois qu’elle essayait de forcer le retour de ces mirages jouant à la cachette. Alors elle avait laissé tombé, pour le moment. Il y avait d’autres problèmes plus urgent qu’elle devait réglé, comme sortir de cette maudite forêt qui ne semblait plus en finir. Trouver de quoi se sustenter pour faire taire les grondement de son estomac. Se laver. Que ne donnerait-elle pas pour se débarrasser de ce sentiment horrible d’être sale, de l’odeur écoutante de l’hémoglobine partout sur elle et les vêtements qu’elle avait emprunté. De prétendre pouvoir effacer toutes ces horribles choses s’étant déroulée durant cette nuit fatidique.

Tassant des branches encombrant le chemin au niveau de son visage, ignorant les légères griffures sur ses doigts, ne les sentant presque plus à ce stade. Comme catatonique, traînant son corps comme un fardeau. S’ouvrant finalement sous ses yeux autre choses que de l’écorce et des pierres, la mauvaise herbe devenant soudainement reine sous ses pieds. Caressant presque ses cuisses, clairement le terrain n’était pas entretenue jusque là. Levant ses mirettes, elle découvrit une maison à quelques dizaines de mètres au loin, les quelques bouts de terres directement autour clairement préparé pour des récoltes. Une silhouette flou qui se mouvait ici et là. L’hésitation la prenant, l’envie d’aller à sa rencontre pour trouver le réconfort d’un autre être vivant. Son état actuel la stoppant dans son élan. Elle était loin d’être présentable. Mais quel autre choix avait-elle ? Marcher jusqu’à ce que mort s’en suive ? Enjoignant le pas, allant tranquillement vers cette personne, ne sachant trop comment s’introduire. Il lui fallait de l’aide, mais qui la croirait alors qu’elle avait sur elle plus de rouge que quoi que ce soit d’autre ? Elle n’eut pas trop le temps de débattre sur sujet bien longtemps, car elle fut accueillit par ce qui était une femme d’un certain âge tenant un fusil de chasse en main, pointé sur elle. Campée, prête à tirer, pas l’once d’un tremblement pouvant trahir une forme d’hésitation. Cet accueil força l’âme errante à stopper sa course, étant alors à moins de dix mètres de son opposante. « Z’êtes sur mon terrain, et je me rappelle pas vous avoir invitée. » Lâcha gracieusement l’argentée, toisant avec méfiance cette intruse étrange sur son territoire. Figée, l’intéressée ne prononça rien au début, fixant simplement la femme avec de bafouiller une excuse et commencer à se retourner pour quitter les lieux. En elle ne respirait pas la moindre forme de menace, au contraire, elle ressemblait à une biche perdue, terrifiée. Elle avait fait quelques pas qu’elle fut stoppée par un « hey » de la femme, faisant en sorte que la brune tourne de nouveau la tête vers elle. « C’quoi tout ce sang. » Joignant un geste du menton à ses paroles, les deux détaillant alors l’accoutrement plus qu’inquiétant de la plus jeune des deux.

Bonne question. L’étrangère ne savait pas quoi répondre, cherchant elle même à savoir ce que tout cela était. Hésitant, ne sachant ou se mettre alors que se dardait sur sa personne le regard tenace de la dame au fusil. « Je.. je crois que j’ai été agressée. » Énonça-t-elle honnêtement, prenant ce qu’elle pouvait pour construire un minimum de cohérence dans son récit. Ses épaules trahissaient un léger tremblement alors qu’elle rassemblait ses mots et idées. « Je me suis réveillée au milieu du bois, presque nue et il y avait cet homme mort à côté. Je suis presque sûre qu’il m’a attaqué… Mais je sais pourquoi y avait tant de sang je- » Un hoquet la saisi alors que les larmes roulaient sur ses joues, les émotions remontant d’un seul coup et faisant cet effet de trop plein. Ancrant ses iris dans celles d’orage de sa vis-à-vis, hurlant son désespoir, sa peur. Hurlant à l’aide. « Je sais pas ce qui passe, je me souviens de rien. » Ses doigts tirant sur le tissu, tic nerveux qui cherchait à se rassurer, trouver un peu de réconfort. La vieille dame la considéra quelques minutes, sans bouger. La brune osait tout juste respirer, tremblant sous le stress et l’attente de son sort. Finalement l’arme se baissa et le visage plus tôt austère s’adoucit légèrement. « Ces chiens d’homme ça, aucun pour rattraper l’autre. » Doucement, elle se rapprocha de la femme à la peau brunie, qui se tendit, comme prête à bondir pour fuir. Respectant une certaine distance, elle lui fit un sourire et pointa la maison non loin. « J’suis Laney, vient, on va te laver et t’habiller un peu mieux. T’as pas à avoir peur. » Suivant sa sauveuse improvisée, elle se mit à sa hauteur et força un sourire en guise de remerciement. Elle ne demanda pas son prénom, voyant certainement que ce n’était pas le moment pour. L’inconnue ne comprenait pas plus sa situation qu’il y a quelques heures. Mais au moins, elle n’était plus toute seule.


La routine installée depuis quelques semaines et la vie semblait déjà plus douce en ce monde. Les souvenirs n’étaient toujours pas légion, mais elle avait réussi à récupérer un sobriquet auquel elle pouvait répondre, Tam. Sa nouvelle amie était une marginale ayant depuis des décennies quitté la société qu’elle avait en horreur. Elle vivait sur ses propres terres et faisaient pousser ses aliments de sustentation, sauf quelques items qu’elle prenait chez des voisins en forme de troc. Des dizaines de légumes et fruits qu’elle entretenait, se servant d’eau de source qui coulait un peu plus loin dans le bois. Une vie simple et isolée. La jeune femme du moyen-orient s’était vite habituée à ce mode de vie, elle aidait sa nouvelle amie dans son jardin et les tâches ménagères contre l’asile. L’entente était au plus beau, Laney était aussi simple à vivre que le mode de vie qu’elle prêchait et ne posait pas plus de questions que nécessaire à sa protégée, croyant sincèrement à son étrange amnésie. Alors qu’elle laissait la pauvre âme récupérer de ses émotions, la vieille dame était partie en quête du corps de l’homme du récit et après des heures de recherche, le trouva. Elle l’enterra pour éviter tout problèmes et ainsi alla la vie.

La brune se remettait doucement de ses aventures, prenant un jour à la fois. Elle avait appris à connaître sa nouvelle compagne au-delà de ses aspirations particulièrement méconnues. Fervente croyante catholique, humour quelque peu satirique, mais restant de bon goût. Une bonne vivante prête à défendre n’importe quelle femme de ce monde, détestant les hommes presque autant que la société. (D’ailleurs elle ne savait pas si elle détestait la société à cause des hommes.) Les deux femmes s’entendaient et vivaient tranquillement. Presque un mois se déroula ainsi sans que les souvenirs ne revinrent à son esprit. Elle commençait à abandonner l’espoir de les revivre un jour. Nettoyant la maisonnée, elle passait le plumeau dans le grenier et tomba sur de vieux cartons. La curiosité l’emportant, elle en ouvrit certains et découvrit de vieilles photos d’une jolie famille. Elle y reconnaissait la jeune Laney de l’époque, se tenant tout sourire avec une autre femme splendide et trois enfants. Elle avait souvenir que celle-ci lui avait parlé d’une famille qu’elle avait eu autrefois. Sa compagne avait fini par mourir d’une maladie terrible et ce fut ce qui acheva de la convaincre à quitter le reste du monde. Elle revoyait leurs enfants de temps en temps, ceux-ci ayant accepté le choix de leur mère. Cette vision de bonheur la fit sourire et du bout des doigts elle caressa les photos. Soudain un mal de tête horrible la prit et elle serra son crâne entre ses mains, poussant un léger cri de souffrance. Lui revint l’image d’un bébé gazouillant dans le creux de ses bras. Une joie immense qui lui prenait le coeur accompagnant ces images, ainsi que les prémices d’un nom. Aram… Adam! Son fils, son précieux trésor, son soleil. Les larmes roulant sur ses joues alors que l’émotion la secouait et que plus de souvenirs remontaient à flot. Non loin du bébé, un homme souriant, resplendissant de joie et le rose qui vint colorer ses joues. Comment avait-elle pu oublier l’homme qui faisait battre son coeur si vite depuis si longtemps? Le père de son enfant, son meilleur ami, Eros. Le reste de sa vie lui vint alors et elle resta à genoux au plancher à pleurer son soulagement pendant de longues minutes. Enfin, enfin elle se souvenait de tout, et surtout des circonstances entourant son agression. Un mécontent relié à une des affaires de son conjoint qui devint très médiatisée.

Vite elle alla tout raconter à Laney qui fut heureuse pour elle. Elle lui promit de l’emmener dans la ville la plus proche pour qu’elle aille se présenter au policiers et ainsi revenir vers sa famille. Pour cela elle devait juste finir de réparer quelques trucs sur son véhicule. Cette tâche demanda tout juste quelques jours et c’était pile à un mois de leur rencontre que Tasnim passa ce qui serait sa dernière nuit chez la vielle dame. Elle pensait que tout irait bien, qu’on comprendrait la situation et qu’elle n’aurait pas trop de problèmes. Si impatiente, elle n’arrivait pas à trouver le sommeil et se retournait dans son lit, tentant d’aller vers morphée. Doucement caressée par la faible lumière de la lune, elle se sentait enfin voguer vers le monde des rêves quand la douleur la fit hurler de toute ses forces. Ses os lui semblaient se briser encore et encore, la faisant se tordre dans tous les sens jusqu’à en tomber du matelas. Tam n’entendit pas la porte de la chambre s’ouvrir en fracas et encore moins les mains de son amie tentant de la calmer sur sa peau. Puis l’horreur suivit alors que la silhouette de la jeune femme se déformait lentement pour laisser place à un amas de fourrure rousse et de muscles se repositionnant pour ressembler à une bête. Le seul souvenir qui lui resta de ce moment fut le cri horrifié de Laney.

Puis le noir complet.

Quand ses yeux se rouvrirent, elle redécouvrit la même scène qu’un mois plus tôt. Tamsin complètement couverte de sang, dénudée, des morceaux de ses vêtements éparpillés partout. Elle était dans le jardin de Laney, le petit matin même pas encore à l’horizon. Des brides de la nuit dans son esprit, comme la dernière fois, moins flou cependant. Mais toujours aussi peu de sens. Se levant, elle appela son amie d’une voix anxieuse, marchant vers la maison dont la porte était grande ouverte. Tout le long du chemin elle voyaient des traces rouges sombres, encore fraîche et une fois dans le salon, elle découvrit le corps de la vieille dame. Il lui manquait des bouts de chair, on voyait des traces de bataille et des traces d’ongles sur certains des murs. Dévastée, la brune tomba à côté du cadavre et pleura, l’estomac lui serrant alors que cette fois-ci il n’y avait pas le moindre doute sur sa culpabilité. Elle avait tué cette charmante dame qui l’avait aidée, elle, une pure inconnue. Massacrée, clairement partie dans la peur et la souffrance. Mais que lui arrivait-elle, depuis quand était-elle un tel monstre de tuerie? La lumière lui vint et alors que le matin venait doucement, elle comprit qu’elle ne pouvait revenir auprès des siens dans ces conditions.

Elle enterra proprement Laney, improvisant une croix pour sa tombe et priant quiconque l’écoutant de préserver son âme. Se lavant, prenant de nouveaux habits, elle rassembla de quoi manger et boire et pris la voiture. Zieutant la carte, elle emprunta la route, laissant derrière elle la scène de son crime, les larmes silencieuses couvrant ses joues. Ou allait-elle? Aucune idée. Elle avait uniquement choisi le chemin opposé à New York, mettant entre elle et ses proches le plus de distance possible.

breathing in the chemicals

uc.


uc.


uc.