- A propos de Dorian ~

Comme tout le monde, tu possèdes tes qualités et tes défauts. Souvent en proie aux émotions en tout genre, alors pourtant que celles-ci sont selon toi une faiblesse non négligeable. Tels les acteurs de théâtre qui jouent un rôle, tu portes bien souvent un masque pour les dissimuler. Savoir tromper les apparences, pourvu que ça te rende service. Pourtant finalement, tu n’es pas un mauvais gars ? Au contraire. Plutôt bon, voire généreux, et clément aussi. Souvent, c’est l’ambition qui te guide, et tu ne manques pas de cran et de courage, dès qu’il est question d’arriver à tes fins. Tu vas toujours au bout des choses, et apprécies en avoir le plein contrôle. Pourtant, tu convoites secrètement toujours plus, l’impossible, provoquant envie et jalousie incontrôlables. Tu connais tes atouts et tes points forts, t’en es fier et à parfois tendance à t’en venter. Enfin, il ne vaut mieux pas te provoquer en mettant en danger les gens qui te son cher, car ton coté protecteur t’assures de devenir explosif et impulsif pour défendre tes proches.
Tu as toujours été un grand passionné d’art. Et puis tu as quelque peu baigné dedans depuis tout petit. Tu as appris à maitriser plusieurs de ces arts, au travers de tes nombreuses décennies. Tu as commencé jeune l’apprentissage de la musique, et tu te montres excellent musicien. Si tes préférences se tournent vers le violon, le piano et la harpe, tu sais aussi jouer de la guitare et de la flute. Allant de pair avec la musique, tu fais un très bon danseur. Tu dessines beaucoup, peins quelques fois aussi. Il t’arrive parfois de produire quelques écrits lorsque tu t'ennuies. Tu as d’ailleurs gardé cette très jolie écriture venue d’un autre temps, et restes un grand adepte de la plume dans l’encrier. Pour le reste, tu t’y intéresses tout autant, mais ne pratiques pas.



Chapter 1 ➳ - Once upon a time ❧

Comme tout enfant de la noblesse, tu reçus une éducation irréprochable, apprenant l’étiquette, le protocole. Parfait gentleman de ce monde. Il te fallait savoir monter à cheval, faire la conversation, t’intéresser à la politique, savoir danser. Tu appris à jouer de la musique aussi. Et tout ce qui fait d’un futur Comte un homme respectable. Tu succèdes à ton père à quinze ans, lorsque celui-ci s’éteint dans la nuit. Quelque mois plus tard se déroule ton mariage, proprement arrangé par ta douce mère. Tu n’y vis pas grand-chose à redire. Les choses étaient ainsi. Et ta promise avant au moins l’avantage d’être gentille, un minimum intéressante, et plutôt jolie.
Vous apprenez à proprement vous connaitre en vivant ensemble. Et vous avez appris à vous aimer. Bien loin du coup de foudre dont les rêveurs aiment parler, mais peut-être est-ce finalement plus beau que ça. Apprendre à aimer. Pourtant, une chose vient noircir le beau tableau de votre vie. Malgré les tentatives, vous n’arrivez pas à concevoir. Et cela vous peine autant l’un que l’autre. Combien de fois la belle Mathilde s’est effondrée dans tes bras ? Alors, à l’aube de tes vingt-trois ans, vous étiez alors fou de joie d’apprendre que huit mois plus tard, vous seriez enfin parents. Ta pauvre mère n’était pourtant déjà plus là pour le voir. Ton épouse resplendissait, à mesure que son ventre s’arrondissait. Jusqu’à ce jour qui aurait dû être le plus beau. Mais ce fut une vie pour une autre. Alors que l’enfant prenait sa première bouffée d’air, Mathilde expirait son dernier soupir. Désormais, c’était Alan et toi contre le reste du monde.


Chapter 2 ➳ - Try to pick up the

pieces ❧

C’est avec le cœur en peine que tu as élevé Alan durant ses deux premières années. Tu vivais mal la solitude, être veuf était un gros poids sur ton cœur. Et il y a eu cette autre femme. Vous vous êtes d’abord plu. Et vous vous êtes précipité le mariage. Et ce fut tout le contraire de Mathilde. Si au début, vous sembliez vous être trouvé, en apprenant à vous découvrir, l’écart s’est creusé. Vous avez rapidement commencé à vous quereller. La seule raison pour laquelle vous restiez ensemble était pour la bonne raison qu’Alan, lui, aimait beaucoup Cécile. Vous n’avez jamais essayé d’avoir un enfant ensemble, même s’il vous est arrivé quelquefois de partager votre lit. Non toi, tu as plutôt partagé les draps de quelqu’un d’autre.
C’était à l’une des réceptions que vous aviez donné. Vous vous êtes vu. À l’époque, tu n’expliquais pas cette sensation de danger et d’exaltation que tu ressentais en croisant son regard, qui faisait s’accélérer ton cœur, et monter l’adrénaline. Une brève conversation autour d’un verre, avant de vous éclipser de la soirée. Première nuit de découverte, où tu en as tout oublié. La peine, la colère, les problèmes. Il n’y avait que lui. Une première nuit d’une longue liste, où tu as tant aimé murmurer son nom, là où la pénombre est maîtresse, où les soupirs sont pour seule mélodie, et les corps entremêlés pour seule valse. Alexander.
Alexander, que tu revis encore, et encore, souvent sous ton propre toit qui plus est. Il s’est passé plusieurs mois durant lesquels il n’a rien dit. Puis il a fini par te révéler son secret. Voilà donc ce qui expliquait cette étrange sensation. Il craignait de te voir fuir. Mais tu l’aimais déjà bien trop pour partir.


Chapter 3 ➳ - When the world

became upside down ❧

Il s’écoule quelques années. Les tensions avec Cécile sont moins présentes. Vous ne parlez pas de ça, mais elle se doute de ce qui se passe de ton côté. Et il te semblait aussi qu’elle voyait un autre homme. T’occupant proprement de ton garçon. Et que tu l’aimais, ton petit Alan. Un jeune homme plein de vie et de joie, qui aimait autant son papa que sa belle-maman. Mais ton petit monde, ta petite bulle de bonheur éclate subitement, et fait l’effet d’une bombe dévastatrice. Lorsque le petit Alan, qui n’avait pas encore sept ans, rejoignit les étoiles des suites d’une maladie respiratoire incurable. Le chagrin s’empara de toi violemment. Et tu savais que de ça, tu ne t’en remettrais jamais vraiment. Sans bien sûr ne jamais oublier Mathilde, ton cœur avait su effacer la douleur, et aimer à nouveau. Mais un cœur ne peut pas se remettre de la mort d’un enfant. Jamais.
Plus rien ne te retenait à cette vie-là. Ton fils était la seule chose préservait votre mariage. Mais Alan n’était plus là. Il ne sera jamais plus là. Alors tu décidais de tout quitter pour suivre la seule personne qui te restait. Alexander. Il prit soin de toi, prenant le temps qu’il fallait pour que tu te sentes mieux. Et prêt. Et quand ce fut le cas, il décida de passer le cap, et te transforma. Les débuts ne furent pas tous roses. Il fallut apprendre à vivre avec ce nouveau corps, ces nouvelles forces et ces contraintes. Mais rien que tu ne sus pas surmonter.
À partir de là, tout se déroula à merveille. Vous aviez l’éternité devant vous, à jouir des plaisirs que la vie avait à vous offrir. Mais une éternité de bonheur aurait été bien trop belle pour être vraie. Et ta vie n’est définitivement pas un conte de fées. C’est en mille sept cent quarante-quatre que l’idylle prend doucement fin. Une folie inexplicable s’empare d’Alexander. Il n’est plus vraiment lui-même, il déraille. Et commet l’irréparable, plus d’une fois. Une véritable boucherie, que toi-même tu n’as pas su arrêter. Tu savais que ce n’était qu’une question de temps avant que ça finisse mal, pour tous les deux. Il était devenu trop dangereux. Alors tu pris la décision la plus difficile qui soit. Cette nuit-là, tu l’as attiré dans vos draps, t'es glissé dans ses bras, profitant de moments de lucidité de sa part. Là dans l’ombre, tu lui as offert tes dernières caresses, tes derniers baisers, tes derniers mots doux. Une nuit intense, d’un adieu silencieux. Garder la tête haute, ne pas faire tomber le masque, pas maintenant. Souffler doucement et ne pas trembler. Dernière nuit d’amour. Douce extase, ivresse des cœurs. Le septième ciel. Tu n’as pas le temps de le laisser redescendre de son nuage. Ultime requête. «-Alexander… Dis-moi que tu m’aimes…» Doucement, il vient poser sa main sur ta joue et la caresse. «-Bien sûr que je t’aime Dorian. Comme un fou.» Ton regard se fait humide. «-Moi aussi, je t’aime. Je t’aimerais toujours…» Et le pieu, tout ce temps dissimulé, s’élève dans ta main. Une larme roule sur sa joue alors que sans hésiter, ta main s’abat, et que l’objet lui transperce la poitrine. «-Je suis désolé… Pardonne-moi…» Son pouce qui ensuit furtivement ta joue, alors qu’il te sourit, avant que son regard ne devienne vide, que sa peau ne perde de sa couleur, et prenne un drôle d’aspect. La couleur carmin s’écoule de la plaie, et vient tacher les draps, alors que ta poigne lâche sa prise, tremblante. Et le masque finit de tomber, alors que tu t’allonges à côté de lui, pleurant toutes les larmes de ton corps. Laissant enfin voir les émotions provoquées par un cœur qui déjà depuis des heures est meurtri. Ton cœur saigne, ton cœur souffre. Qu’avais-tu fait ? Tu étais seul. Pour seul héritage que l’arme du crime, et cette bague de jour. Précieuse. Car il n’y en avait toujours eu qu’une pour deux.


Chapter 4 ➳ - How long a heart

remains broken ? ❧

Après ça, tu n’as pas su te relever. Jamais complètement. Toutes les personnes qui avaient le plus compté n’étaient plus à tes côtés. Le vide, la solitude et la peine étaient devenus tes plus fidèles amis. Pathétique. Tu étais devenu pathétique. Une véritable épave qui ne vit que pour survivre. Qui n’a plus gout à rien. Chaque jour semblait plus douloureux que le précédent. Et plus d’une fois, t’as pensé à te transpercer le cœur avec ce foutu pieu que tu n’as pas été fichu de jeter. Tu te réfugies dans l’art. Et chaque chose que tu produis transpire l’angoisse, la noirceur, et les plaies de ton âme. C’est sombre, c’est triste, c’est morne et déprimant. C’est toi, en somme. Et puis, t’as commencé à te sentir moins mal que la veille. Et moins mal que le jour d’avant. Et t’as compris qu’il était temps de te reprendre en main. Qu’il ne tenait qu’à toi de ne pas rester coincé dans le passé. T’as lutté pour t’en sortir. T’as recommencé à sortir, voir le monde. Vivre.


Chapter 5 ➳ - Living once again ❧

T’as passé plus de cent ans à arpenter le monde, découvrir des pays, des cultures, des langues, et même d’autres êtres surnaturels. T’as appris, tu t’es émerveillé, tu as pris ta revanche sur la vie. C’est en parcourant le globe que t’es venue cette passion pour la collection. Devenu investisseur, afin de continuer à enrichir ton patrimoine. T’as eu quelques amourettes aussi, durant toutes ces années, mais jamais rien d’aussi sérieux et exaltant que ce que tu avais pu connaître cependant.
T’es revenue sur tes terres natales ensuite. Profitant de ton pays et de son répit. C’est ainsi, qu’un peu par hasard, tu l’as rencontré lui. Après l’une de ses représentations de théâtre. La Duchesse de Padoue. Monsieur Wilde. Un homme de talent, pourtant controversé. Charmant et intéressant à son demeurant. Le courant est vite passé, et vous vous êtes vu, de nombreuses fois, parlant des arts, de la philosophie, mais très peu de la politique. Vites inséparables, et plus que de simples amis. Oui, à lui aussi, tu as partagé son lit. C’était la première fois que tu t’autorisais à aimer après tout ce temps. C’est pourquoi tu lui as confié ton secret. Et il a eu cette drôle de réaction, une fois la peur passée. Non, il a vite penché pour la curiosité.
Et il s’est mis à écrire, beaucoup. Rapidement. Cela t’amusait. Sa muse, qu’il disait que tu étais. C’était flatteur. Mais jamais il ne te laissait lire. Il voulait que tu découvres l’œuvre finale, et rien avant. Aussi a-t-il demandé à faire faire ton portrait. Tu aurais bien voulu l’y voir aussi, sur le tableau. Mais seulement toi, avait-il insisté. Une pièce qu’il aurait aimé exposer chez lui, s’il avait pu. Mais que tu as gardé toi. Car après tout, il avait une femme, lui. Quand bien même ne pouvais-tu pas voir ses écrits en avance, tu aimais le voir écrire. C’était fascinant. Et puis, son œuvre est sortie. Tout juste à peine, qu’elle faisait déjà scandale, dans le bon, mais aussi le mauvais sens du terme. Et enfin, tu pus découvrir son roman : Le Portrait de Dorian Grey. C’était donc ça…
Vite pris dans la lecture, pourtant bien vite, tu le déprécias. C’était métaphorique. Le livre ne traitait en rien de vampire. Mais certains aspects y ressemblaient portant. Tu reconnaissais certains de tes récits, dans cette histoire. Mais surtout une bien vilaine façon de dépeindre le protagoniste, pour lequel il a pris certains, nombreux de tes traits. Cette histoire n’était pas une ode pour toi. Ça ne parlait ni plus ni moins d’un homme devenu monstre. Du meilleur devenu le pire, sous l’apparence traitre, mais splendide. Ton cœur, il s’est brisé. Car tu t’es senti trahi. Abusé. Moqué. «-Comment as-tu osé Oscar ?! Tu t’es bien amusé j’espère ?» Avais-tu hurlé. Pleuré. Il n’aurait pas pensé que tu le prendrais ainsi. Comment espérait-il que tu le prennes ? «-Retiens bien ce livre Oscar. Car ce sera le dernier souvenir que tu auras de moi.» Et tu es parti sans te retourner.
Tu avais espéré, et tu n’as même pas été l’amant de sa vie. Vite remplacé par celui qu’on surnomma Bosie. Plus jeune, plus beau, et plus humain. C’était bien la peine, ce gamin est celui qui selon toi a causé la perte de Wilde. Tu as d’ailleurs recroisé ce type, des décennies plus tard. Il a blêmi, en te voyant inchangé. Et il a compris que Dorian Grey n’était pas qu’un personnage de fiction. Et de cette histoire, il ne te reste qu’un vieux portrait, et un bouquin dédicacé.


Chapter 6 ➳ - The end is not

written yet ❧

Cela fait quelques années déjà que tu foules les terres de Mystic Falls. Découverte durant un énième voyage, cette ville a inexplicablement volé ton cœur. Elle avait une odeur de mystère, d’aventure, et de surnaturel. Alors t’y as posé bagage. Et le reste n’est qu’une nouvelle histoire qu’il reste à écrire.