.01 - The beginning

Naissance dans « La belle endormie ». Bordeaux, j’y naquis dans une maison modeste, dans une maison emplie de bougie. Les bougies permettaient à ma mère de canaliser sa pyrotechnie. Les contractions créeraient des étincelles sur tout ce qui était inflammable, risquant un départ d’incendie à tout moment. Ainsi, les bougies s’allumèrent et captèrent la magie flamboyante de ma mère. Marlyse, ma douce mère, si gentille et attentionnée. La grossesse n’avait pas été sans mal, bien au contraire. Il y eut plusieurs passages à l’hôpital, un stress incomparable de mes deux parents. Mon père, Benoît, était un simple humain éprit d’une Changeling. Mais cette Changeling avait reniée toute appartenance à la communauté magique ou aspect qui pouvait s’y approcher. La magie avait plus fait de mal autour d’elle qu’autre chose. Ma mère n’avait jamais réussi à contrôler pleinement ses pouvoirs, en atteste les bougies lors de son accouchement.

Toutes ses histoires sur ma mère, je n’ai jamais vu en vérifier la véracité. Ma mère est décédée en me mettant au monde, mon premier souffle fut son dernier. Les bougies s’embrasèrent tel un brasero, puis s’éteignirent. Dès ma naissance, mon père ne me considéra pas comme son fils.
Benoit avait toujours été quelqu’un de relativement macho, franc. Il n’y avait que ma mère pour le calmer et l’attendrir. J’aimais mon père, il avait toujours soutenu ma mère et il subvenait à mes besoins. Cependant, la réciprocité de l’affection n’était pas là.  

Mon enfance fut quelque peu traumatisante. Tout ce que je faisais n’allait pas. Je n’étais pas assez bon à l’école, pas assez manuel, pas assez organisé, je ne faisais pas assez le ménage etc etc. Il n’y eut aucune violence physique, il respectait bien trop sa défunte femme pour me brutaliser, cependant il me battait psychologiquement, et s’en était presque pire pour moi.

.02 - Comme un parfum amer

Ma mère, Marlyse, était ce qu’on appelle une Changeling. C’est une créature magique rare capable d’utiliser une magie des éléments. Ma mère pouvait manipuler le feu et tout ce qui était attrait à cet élément. Cependant, elle avait de grandes difficultés pour contrôler ses pouvoirs, amenant de grands malheurs autour d’elle. Marlyse craignait ses pouvoirs et avait prit la décision de s’émanciper de toute magie, vivant comme une simple humaine avec son mari, mari qui validait complètement son choix.

Là fut un soucis pour moi. Je n’avais jamais appris à contrôler mes pouvoirs. J’étais un Changeling de l’Eau, pouvant manipuler tout ce qui s’attrayait à l’eau sous toutes ses formes. Presque comme une créature aquatique, je me sentais bien dans l’eau. Un des rares plaisirs que j’avais, c’était de faire de la natation.
Je n’utilisais jamais mes pouvoirs face à Benoît. Il n’aimait pas ça, il haïssait ça. Lorsque je voulais m’entraîner un peu, je le faisais en rentrant des cours, discrètement, prêchant un retard de bus ou autre. L’amertume pouvait se lire dans son regard lorsqu’il le posait sur moi. Je lui rappelais sa femme, sa défunte femme. J’étais le monstre qui lui avait enlevé.

.03 - Prise d'indépendance

Je veux partir.

Avec le temps, je m’étais éprit pour l’enseignement et les langues. J’aimais instruire, à l’inverse que je devais me débrouiller seul pour apprendre. Je ne voulais pas répéter ce que je vivais. Ainsi je commençais des études de lettres. L’école, période de découverte, de plaisir, d’émancipation. J’y découvris ma sexualité. Je prenais plaisir avec les hommes. Mais l’humain est bien trop cruel. Les hommes ne m’ont jamais ouvert leur cœur. L’humain est vil. Les hommes profitèrent de ma naïveté, me droguant lors d’une soirée étudiante, me violant. L’humanité n’a plus de cœur.
Je ne disais rien. Je subissais cette violence, mon cerveau bouillait.

Je ne pensais qu’à une chose, partir d’ici, partir de la maison familiale, là où les souvenirs noirs s’étaient imprégnés dans les murs. Je voulais laisser Benoît dans sa solitude comme il l’avait fait pour moi, le laisser se noyer dans l’alcool. Oui j’aimais mon père. Mais il était temps de lui rendre la pareille. Ainsi je continuais mes études avec ce poids, tous ses mensonges que je gardais en moi, toute cette souffrance que je n’avouais pas. Je restais dans cette solitude.

Je ne trouvais pas ma place ici. Je voudrais m’écrire un monde, une planète rien qu’à moi, une planète sur laquelle je me sentirais moi. Un nouvel univers, où les larmes les peines ne seraient qu’un mythe, qu’une putain de légende urbaine.

.04 - Mystic Falls

Diplômé de la Sorbonne, cursus Français Langue Étrangère, j’avais tout préparer pour m’en aller d’ici. J’allais enfin laisser ma vie passée derrière moi, abandonner ces mauvais souvenirs. 25 ans, je partis pour la ville de Mystic Falls aux États-Unis, petite ville sympathique qui m’attirait sans réellement pouvoir l’expliquer. Valise faite, pas un aurevoir à mon paternel. J’y laissais tout. Je ne gardais avec moi que mes pouvoirs que j’arrivais à contrôler et ce que j’avais appris jusqu’ici. Cependant j’étais toujours aussi perdu. Et je n’avais plus foi en l’humanité.
Aujourd’hui cela fait 5 ans que je suis Professeur de Français au Whitmore College.