Damiano passa une bonne partie de la journée en compagnie d'Illiana au festival agricole. Quand celle-ci s'absenta un moment, il en profita pour se déplacer vers Meloxie en vitesse vampirique. La jeune femme voulait lui parler lors de leur précédente rencontre et le vampire avait fait la sourde oreille. Cette fois, il lui laisserait une chance de s'expliquer. Une chance seulement.

Il l'embarqua avec lui et ils ratterrirent dans un endroit boisé, loin des festivités. "Tu voulais qu'on parle non ? Alors j'te laisse deux minutes, montre en main." Siffla l'allemand en lançant un regard noir à celle qui autrefois fut sa belle. "Tu dois bien ça à ton régnant, non ?" ajouta-t-il en se rapprochant d'elle, visage à quelques centimètres de la beauté italienne qu'il dominait de presque d'une tête.

Le festival agricole.. tu t’y es rendu seulement pour t’intégrer parmi les habitants de la ville, toi qui commence seulement à vouloir faire connaître ta présence. Jusque là, tu restais retranchée, préférant observer de loin pour élaborer une stratégie pour arriver à tes fins. Ce genre d’évènement est parfait pour montrer ta présence. Et tu n’es pas la seule vampire à t’y rendre. Parmi elleux, Damiano. Des années à ne penser qu’à lui pour ne pas dépérir, des années à le rechercher en vain et voilà qu’il débarque dans la ville ou tu as décidé d’élire domicile. Vos regards se croisent et tu sais que vous finirez par avoir une conversation.

Tu es en train d’observer les humains confectionner de la confiture quand sa présence se fait sentir vers toi et que sa main t’oblige à le suivre à toute vitesse dans un endroit plus calme. Au milieu de la verdure et des arbres, dans l’atmosphère de la forêt, vous voilà tranquille. Deux minutes pour parler, deux minutes pour remettre les choses au clair. Il voue une haine envers ta personne, seulement parce que tu as touché son ego. Il s’approche doucement de toi, vos visages si près l’un de l’autre mais tu ne te laisses pas distraire par le charme du vampire. Il t’a déjà eu avec ce petit jeu. “Ça fait  bien longtemps que tu n’es plus mon régnant, Damiano.” Tu t’exprimes en te reculant, gardant une distance dite de sécurité avec lui. “Parce que c’est bien de cela qu’il est question, non ? De ma trahison, de mon envie d’être libre sans avoir à te suivre sans protester. C’est ça qui t’a fait mal, Damiano ?” Tu demandes, accentuant le ton de ta voix lorsque tu prononces son prénom. “Tu n’as pas l’habitude qu’on te résiste. Toi et tes petits toutous, c’est rare qu’on prenne des décisions sans te consulter. Mais là, je l’ai fait. Et ça t’a fait si mal.” Tu dis, un sourire sur tes lèvres, imaginant la déception qu’il a ressenti, lui, le grand Damiano. “Et le pire dans tout ça, c’est que tu m’aimais.” Tu dis, en sachant très bien que cette provocation peut mal finir. Mais tu sais te protéger.

C'était plus fort que lui. La beauté italienne l'attirait comme un aimant. Son monde avait gravité autour d'elle pendant presque trente ans, avant que tout cela ne cesse le jour où elle y mit un terme sans prévenir, éteignant ses émotions et en le fuyant tant ce temps.

Elle s'éloigne peu à peu. La crinière bouclée resta sans mot, observant la vampire et écoutant l'affreux sifflement de sa voix. "Tu nous as surtout tourné le dos à tous. D'autres sont morts de mes mains pour moins que ça." Il la laissa poursuivre, mais au moment où elle s'attaqua à sa famille, il vit rouge, se retenant de ne pas lui briser la nuque pour ne plus avoir à l'entendre pendant un petit moment. "Mes quoi ? Mes toutous ? T'étais bien contente de les avoir mes toutous, quand il te fallait une famille. Alors que ceux de ton sang te faisait travailler dans la boue sans scrupule." Les mots du vampire étaient cinglant. Damiano savait pertinemment que cette remarque allait la blesser. Mais après tout, n'était-elle pas la simple et pure vérité ? Celle qu'il avait transformé pour fuir une vie de misère et lui offrir le luxe qu'elle méritait, se montrait tout à coup ingrate. Alors que dans l'histoire, la fautive était et demeurerait elle. "C'était le lien de sang." Menteur. "Ca n'a toujours été que le lien de sang entre nous. Aussitôt partie, aussitôt oubliée. Et ça demeurera ainsi, désormais." dit-il en se rapprochant, retirant cette distance de sécurité qu'elle avait instauré.

Tu sais très bien que tes mots allaient le mettre hors de lui et en fait, c’est ce que tu cherchais. Sans le vouloir, sans savoir pourquoi, tu aimes le voir ainsi. Cette colère en lui, elle fait partie de ce que tu aimes et tu te souviens de ce pouvoir que tu avais sur lui lorsque tu arrivais avec ta simple présence à le calmer de ses pires pulsions. Ses mots sont forts, ses mots sont cinglants et tu prends sur toi pour ne pas t’énerver. Lorsqu’il te rappelle ta pénible vie humaine, tu le détestes de la faire. Il sait combien tu as détesté ta vie et combien tu lui es redevable de t’avoir extirper de tout ça. “Qui te dit que j’avais besoin d’une famille ?” Tu demandes en levant les yeux au ciel, petit sourire en coin sur tes lèvres.

La conversation devient désagréable, Damiano parle sans savoir en plus de te mentir ouvertement. Croit-il vraiment que tu es si idiote ? “Les liens du sang ? Vraiment ? C’était l’asservissement et tu t’es bien gardé de me l’expliquer. Tu aimais cette emprise sur moi et tu me mentais, TOUS les jours ! Alors tu ne peux pas m’en vouloir d’avoir voulu une liberté. Ce que je méritais vraiment.” Tu expliques, le regard noir, la colère prenant doucement le pas sur tes émotions. Tu as souffert des années en pensant à lui, seule, sous cette crypte et c’est ainsi qu’il t'accueille. “Alors c’est ce que tu crois ? Que je suis partie et que je t’ai oublié ? Vraiment ?” Un rire nerveux s’échappe de tes lèvres, la déception envahit ton corps. Putain, toutes ces émotions, tu détestes ça. “Je te savais idiot, mais pas à ce point-là. Le temps ne t’a définitivement pas épargné.” Tu dis, réfléchissant plutôt à voix haute.

Elle essayait de le déstabiliser et le vampire n'était pas dupe. Il la laissa vociférer ses propos sans bouger d'un cil. Il la regarda, son regard plongeant dans le sien à quelques centimètres à peine. Damiano ne put supporter l'ingratitude de sa création envers sa famille. Lui qui avait veillé à se constituer une véritable fraternité avec les vampires qu'il avait transformés ou recueillis au cours des siècles. "Le fait que tu nous quittes pour aller les retrouver ici même." rit-il nerveusement. "Tu fais une piètre menteuse, ça ne changera donc pas, Giovanna." Petite pique, faisant écho à qui elle était avant lui. Après tout Meloxie était née parmi ses toutous. Alors si elle n'en avait pas besoin, il reprenait droit sur son nom.

Le vampire mentit, c'était un fait. Tous deux le savaient, mais jamais il ne l'avouerait. Damiano était bien trop fier pour cela. Ses reproches, il les écouta et d'un sourire charmeur et satisfait, il lui répondit : "Voyons ma belle, tu ne peux pas reprocher à un homme comme moi d'aimer avoir du pouvoir sur les autres." La vérité avait frappé. Le pouvoir, c'est bien ce qui animait Damiano chaque jour de cette vie immortelle. Il s'était suicidé rien que pour l'obtenir, alors pas même une amourette n'aurait pu le détourner de cela. "Ce que je crois n'a plu d'importance. Les faits sont là, en tout cas pour ma part." Cela lui avait pris du temps, mais le manque de la vampire avait fini par s'estomper pour devenir haine. Son coeur était froid désormais en sa présence. "Et toi, tu es suffisamment bête pour croire que je sois assez gentil pour me laisser insulter de la sorte." Sans plus de cérémonie, il lui brisa la nuque.

Les minutes, puis les quarts d'heure défilèrent. C'était la première fois que Damiano brisait la nuque de celle qu'il avait tant aimé et qui lui avait arraché le cœur le jour où elle avait éteint ses émotions pour lui tourner le dos. Le temps pour la belle au bois dormant de se réveiller, Damiano ressassait le passé, son XIXème siècle au côté de celle qu'il avait délivré de la misère de sa vie humaine.

Cela faisait presqu'une heure lorsqu'il vit le petit doigt de Meloxie bouger. "Tiens, tiens. De retour parmi nous ?" dit-il d'un air fier. Il était assis sur l'herbe, juste à côté du corps allongé de la Salvatore. "Je serais toi, je ne ferais pas quelque chose de stupide, car je veillerais personnellement à ce que la prochaine fois tu ne te réveilles pas." dit-il en arrachant quelques brins d'herbe.

Vous vous lancez des piques simplement pour irriter l’autre, gratuitement, sans vraiment approfondir les réelles douleurs qui se provoquent lorsque vous êtes près l’un de l’autre. Tu insultes sa famille et il fait de même de tes modestes origines. Tu préfères ne plus penser à ta vie humaine et à ces années de souffrance à être l’esclave de ta propre famille. Damiano t’a offert la liberté pour t’enfermer à ses côtés par la suite. Il te rendait heureuse mais tu avais besoin d’agir par toi-même, surtout lorsqu’il s’agissait de te venger de ton frère. “N’utilise pas ce nom.” Tu demandes, sur un ton bien sec. Il sait que tu détestes qu’on te rappelle tes origines.

C’est un idiot qui te prend pour une idiote et c’est ainsi depuis des années. “Ça doit te faire si mal de ne plus avoir de pouvoir sur moi.” Tu dis pour le couper dans sa tirade mais il continue, s’énervant de ton insulte. Pas le temps de répondre, pas le temps de bouger que les mains de Damiano se posent sur ton cou pour le rompre.

Tu ouvres difficilement les yeux, la lumière qui passe entre les feuilles des arbres t’aveuglant après ces quelques minutes ou heures endormies. Allongée sur la terre, tu n’as pas le temps de reprendre tes esprits que l’homme que tu as tant aimé prend la parole. Quelques secondes seulement pour comprendre qu’il t’a tué. “Putain, t’as osé.” Tu dis en t’asseyant sur le sol. Tu écoutes ses menaces, sourire aux lèvres, bien que tu sais qu’il pourrait mettre ses mots à exécution. Pourtant, tu décides de le défier encore. Un rire s’échappe de tes lèvres. “Oh, Damiano.” Tu dis en te dirigeant vers lui, encore assis au sol. Tu te frayes un chemin entre ses jambes alors que tes doigts s'enroulent dans ses longs cheveux. “On sait tous les deux que tu ne pourras pas me tuer.” Tes lèvres s’approchent doucement des siennes, tu souffles contre sa peau. “En tout cas, pas définitivement.” Tu affirmes, un sourire joueur sur tes lèvres car tu sais que ta présence le déstabilise malgré tout ce qu’il puisse dire. Tu mords ta lèvre, le regard plongé dans le sien avant de te relever.

Damiano savait pertinemment que l'emploi de son nom originel, donné par ces parents qu'elle avait tant hait selon lui, allait lui faire mal, la blesser au plus profond de son âme. Si tant est que la vampire en eût une. "Pourtant Meloxie est le nom que tu as pris lorsque tu es venue avec mes toutous. Et si mes toutous ne vous conviennent plus, chère marquise, nous reprendrons alors ce qui nous appartient." déclara-t-il, d'un ton on ne peut plus sérieux. Les mots et les maux s'enchaînent jusqu'à ce que le vampire octocentenaire perde patience et rompe le cou de la jeune femme face à lui.

Le bouclé avait patienté de nombreuses minutes aux côtés du corps inerte de la brune à qui il avait brisé la nuque avant de la conduire dans un coin boisé. La jeune femme se mit alors à bouger peu à peu, signe qu'elle reprenait conscience. Damiano s'adressa alors à elle, qui ne sembla pas apprécier l'action. "Et je le recommencerais autan de fois que nécessaire. Sans la moindre hésitation." Un rire s'échappa d'entre les lèvres de Meloxie, lorsque cette dernière entendit la consigne de Damiano. Elle vint se faufiler entre ses jambes, l'homme se laissant tomber sur le dos. Les doigts de la vampire s'enroulent dans les boucles de l'homme qui posa par réflexe ses mains sur ses hanches. "Tu aimerais me voir essayer ? Après tout, je ne t'avais jamais brisé la nuque avant. Tu penses savoir me connaître encore ?" Les lèvres de la Salvatore s'approchent dangereusement de celle du Swartzschild. Elle jouait avec lui, il le savait. Ses doigts se resserraient sur ses hanches, ses yeux droits dans les siens. "Et bien, qu'est-ce que tu attends ? Embrasse-moi, si c'est ce que tu veux. C'est ton unique chance."

Il avait osé te briser la nuque mais malgré tout, tu ne lui en veux pas. Parce que c’est ainsi entre vampires, on se brise les os jusqu’à la mort, tout en sachant que l’autre reviendra à un moment donné. Mais cette action en révéla beaucoup pour toi parce que s’il l’avait vraiment voulu, il t’aurait directement arraché le cœur. Or, tu sais maintenant qu’il ne le fera pas et tu gardes espoir qu’un jour peut-être, votre relation pourrait s’améliorer. Tu dois l’admettre, il t’a manqué et te manque encore. Tu ne peux effacer de ta mémoire l’être qui t’a permis de tenir cent vingt cinq ans enfermée dans une crypte.

“Si ça te soulage, recommence." Tu dis alors que tu t’approches dangereusement de lui de mouvements sensuels. Son instinct est de s’allonger et tu te colles peu à peu à son corps, tes doigts qui s'agrippent à sa chevelure bouclée. “Je te connais. Que tu le veuilles ou non, Damiano.” Tu affirmes en baissant doucement ta bouche près de la sienne pour essayer de provoquer une réaction de la part de l’homme que tu aimes. Ses doigts sur tes hanches provoquent un frisson que tu n’avais pas prévu et dont il a dû sentir la présence mais tu ne t’arrêtes pas pour autant, appréciant finalement ce petit rapprochement. Il t’incite à l’embrasser et ce n’est pas l’envie qui te manque mais un petit rire s'échappe de tes lèvres alors que tu te redresses. “Je n’ai pas l’habitude d’agir sans consentement.” Tu dis, en riant, préférant que le temps fasse son travail. “Sauf pour me nourrir, évidemment.” Tu corriges en réfléchissant plus sérieusement à ton comportement habituel. “Mais en ce qui nous concerne, je préfère te laisser penser à ce petit moment. Et à moi, ton corps contre le mien, mon souffle contre tes lèvres.” Tu es tellement sûre de toi que tu n’imagines pas une seconde qu’il puisse avoir tourné la page. Tu t’éloignes doucement, reculant face à lui en mordillant ta lèvre. “North Central.” Tu dis pour indiquer le quartier dans lequel tu vis. Pour sûr qu’il saura retrouver la villa dans laquelle tu vis.